Tabac : la consommation de cigarettes continue de diminuer en France
En 2023, moins de 1,5 milliard de paquets de cigarettes ont été vendus en France, ce qui représente une diminution de plus de 8% par rapport à 2022. Cependant, la valeur du marché ne change pas, en raison de l'augmentation significative des prix du tabac.
Par Sébastien Dumoulin
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Texte rééc
Les citoyens français délaissent progressivement les tabacs. D'après les données dévoilées ce mercredi par les Douanes, les transactions de cigarettes ont poursuivi leur déclin notable en 2023. Moins de 1,5 milliard de paquets ont été vendus l'année précédente, ce qui signifie une réduction de plus de 8 % en comparaison avec 2022.
La baisse des ventes n'est pas une tendance récente. Toutefois, elle a pris de l'ampleur suite à une décélération plus douce durant 2020-2021 (période durant laquelle les fumeurs étaient contraints d'acheter leurs cigarettes plus près de leur domicile en raison des confinements). Les ventes ont chuté de plus de 25% en cinq ans : en 2018, on comptait toujours plus de 2 milliards de paquets vendus.
Le paquet coûte maintenant plus de 11 euros
Il ne s'agit pas simplement d'une transition massive des fumeurs de cigarettes vers d'autres produits. Les achats de cigares et de cigarillos sont également en baisse (-6 %), tombant en dessous du milliard d'unités en 2023. Le tabac à rouler, qui a vendu 5,7 tonnes (-10 %), n'est pas non plus une alternative populaire.
Seul le marché des "autres types de tabac à fumer", incluant en particulier le tabac pour pipes ou chichas, voit une augmentation de 10 %. Cependant, il reste négligeable (1 tonne en 2023).
Est-ce que cela signifie que les entreprises de l'industrie sont en profonde crise financière ? Ou que les revenus de l'État provenant des fumeurs ne sont plus aussi abondants? Pas nécessairement. Car même si les ventes diminuent de manière notable, l'augmentation rapide des prix permet d'équilibrer la situation.
La hausse des taxes est principalement responsable de l'augmentation du coût du paquet de cigarettes qui a dépassé les 7 euros en 2018, les 9 euros en 2020, les 10 euros en 2021, et finalement les 11 euros en 2023. Depuis le début de l'année, le coût a encore augmenté de 50 centimes à 1 euro, selon la marque. Le paquet de Marlboro Red, qui est le plus populaire selon les détaillants de tabac, coûte désormais 12,50 euros.
Les revenus de l'État provenant des taxes sur le tabac sont loin de s'effondrer. On s'attend à ce qu'ils génèrent environ 13,7 milliards d'euros en 2023, soit presque la même somme qu'en 2022. Le budget de la Sécurité sociale prévoit près de 14 milliards d'euros en 2024. De plus, il faut prendre en compte environ 3,4 milliards d'euros de TVA, et une somme presque identique qui va directement dans les coffres des fabricants de tabac (et des revendeurs).
Le marché du tabac en France aurait légèrement franchi la barre des 20 milliards d'euros (dont plus de 80% sont des taxes) en 2023 en termes de valeur. Malgré une baisse notable des volumes, le marché reste étonnamment stable. En 2018 déjà, les ventes de tabac s'élevaient à 19 milliards d'euros. Le pic atteint en 2020-2021, en raison de la Covid, a permis au marché de dépasser les 21,5 milliards deux années consécutives, avant de redescendre à son niveau habituel en 2022.
L'angoisse majeure des détaillants de tabac – ainsi que de certains spécialistes de la santé publique – est que le déclin des ventes ne dissimule en réalité une transition vers des cigarettes importées – qu'elles proviennent de cartouches importées légalement de pays voisins où les prix sont plus attrayants, ou de paquets de cigarettes de contrebande.
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Il n'est pas aisé de quantifier précisément ce phénomène. Néanmoins, il apparait que la consommation de cigarettes ne diminue pas au même rythme que les ventes en déclin observées dans les bureaux de tabac. D'après les chiffres récents fournis par Santé Publique France, en 2022, plus de trois adultes sur dix, âgés de 18 à 75 ans, étaient fumeurs (31,8 %). Parmi eux, un quart fumait tous les jours (24,9 %), ce qui représente près de 12 millions d'individus. Ces statistiques n'ont pas évolué depuis 2019.
Les experts du secteur du tabac sont persuadés que si la consommation de tabac reste élevée en France malgré une diminution de l'achat de cigarettes, c'est parce que les Français se procurent du tabac ailleurs. Les détaillants de tabac sont d'autant plus préoccupés qu'une récente décision judiciaire oblige le gouvernement à quadrupler les quotas d'importation de tabac légaux en provenance de l'étranger, d'ici la fin de mars. Cela pourrait potentiellement accélérer la chute des ventes de tabac en France en 2024.
Sébastien Dumoulin
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