Augmentation du taux de pauvreté en France post-Covid : retour à la réalité de 2018-2019

La proportion d’individus vivant dans la pauvreté en France a augmenté suite à la crise du Covid. D’après une recherche divulguée ce mardi par l’Insee, 14,5% des habitants de la métropole se situaient en dessous du seuil de pauvreté en 2021. Ce nombre a grimpé de 0,9 point par rapport à 2020, signifiant en fait un retour à la situation de 2018 et 2019.

Par Nathalie Silbert

L’exécutif français a du mal à gérer un problème : malgré des efforts considérables pour protéger les foyers durant la crise du Covid, la pauvreté en France a légèrement augmenté après la pandémie par rapport à 2019, tandis que les disparités de revenus ont recommencé à augmenter. C’est la conclusion d’une étude de l’Insee publiée ce mardi.

En 2021, dans la France continentale, environ 14,5% de la population, soit environ 9,1 millions de personnes, vivaient en dessous du seuil de pauvreté, qui est défini comme 60% du revenu médian. Cela représente une augmentation de 0,9 point par rapport à 2020 (13,6%), mais ce chiffre est similaire à celui de 2019 (14,3%). Cependant, l’Insee met en garde contre l’incertitude de cette augmentation en raison de la précarité des indicateurs en 2020.

Non-renouvellement des subventions

Ce constat fait écho au rapport annuel de l’assistance populaire qui vient de signaler une aggravation de la pauvreté dans la nation.

Le gouvernement a rapidement répondu en soulignant que “le niveau de pauvreté observé en 2021 était similaire à celui de 2018 et 2019”. “Nous retournons à la situation qui était en place” avant la crise de santé, a été souligné par le ministère des Solidarités.

Aussi à noter :

C’est principalement les femmes qui souffrent le plus de l’augmentation de la pauvreté en France.

La mise en œuvre du chômage partiel, des aides spécifiques et d’un fonds de solidarité a été la réponse du gouvernement face à la menace d’une sévère crise sociale suite à la fermeture obligatoire de nombreuses entreprises durant la pandémie de Covid. Dès le début du confinement, le gouvernement a mis en place une série de mesures extraordinaires pour atténuer les conséquences de la crise de santé publique. Ces initiatives ont permis de maîtriser le taux de pauvreté en 2020. D’après les dernières données ajustées, on a même observé une diminution de ce taux.

L’absence de renouvellement des aides financières extraordinaires accordées en 2020 en lien avec la pandémie a eu un impact sur le niveau de vie des ménages les plus pauvres qui a diminué en 2021, selon l’Institut des statistiques. L’impact a été encore plus important pour les 20% les plus pauvres, avec une diminution estimée de 2,1% et 2% pour les premier et second deciles de niveau de vie. Les familles nombreuses et les personnes sans emploi ont été les plus touchées par cette augmentation de la pauvreté.

Gagnant moins de 924 euros par mois

Suite à la reprise économique, plusieurs aides – comme le soutien financier extraordinaire pour le Covid ou l’augmentation exceptionnelle pour la rentrée scolaire – ont été suspendues. La révision des allocations de logement a aussi mené à une réduction du montant total distribué. “Beaucoup d’allocations sont ajustées en fonction de l’inflation, mais il y a une période durant laquelle l’inflation est effective sans que les allocations soient réévaluées, ce qui désavantage les ménages à faible revenu”, a également fait remarquer le directeur général de l’Insee, Jean-Luc Tavernier, en s’adressant à l’AFP. En fin de compte, selon l’étude, la moitié des personnes vivant dans la pauvreté gagnent moins de 924 euros par mois.

Inversement, la reprise de l’activité en 2021 a entraîné une augmentation des revenus du travail et des dividendes perçus par les ménages. Les plus riches ont été les premiers à en bénéficier, avec une nette amélioration de leur niveau de vie, en progression de 4,5% après redistribution. Dans cette situation, le coefficient de Gini, qui évalue les disparités de revenus au sein d’une population, a augmenté entre 2020 et 2021.

Le groupe Alerte, qui comprend 34 organisations dédiées à la lutte contre la pauvreté, a exprimé son inquiétude dans une déclaration. Il a souligné que, malheureusement, la tendance à la hausse de la pauvreté se maintient en 2022 selon les statistiques d’Eurostat, l’organisme statistique européen. Le collectif enjoint le gouvernement à prendre des mesures importantes pour contrer l’escalade de la pauvreté dans un climat d’inflation persistante. Il propose notamment une augmentation immédiate de 200 euros de la prime de Noël pour les ménages éligibles, ainsi qu’une avance au 1er janvier (plutôt que le 1er avril) de l’augmentation des aides sociales et des allocations familiales.

Nathalie Silbert (réécrit

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