Attentisme des entreprises et prévisions revues à la baisse : impact sur la croissance française en fin d’année

La réticence des entreprises à investir pourrait affecter la croissance économique française vers la fin de l'année. L'Insee, dans ses récentes prévisions publiées lundi, a légèrement réduit sa projection de croissance pour la France pour le deuxième semestre. On s'attend à ce que l'investissement des entreprises continue de diminuer. Le budget pour 2025 sera basé sur une croissance économique réajustée à la baisse.

Par Nathalie SILBERT

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Le futur gouvernement n'a pas encore été déterminé, cependant, en se basant sur les dernières estimations de l'Insee dévoilées ce lundi, il ne bénéficiera pas d'une phase d'accalmie. Après avoir déjà réduit de 0,3% à 0,2% la croissance nationale au printemps, l'organisme de statistique a légèrement diminué ses prévisions pour la seconde moitié de l'année 2024.

D'après les dernières prévisions, l'économie de la France, stimulée par les Jeux Olympiques de Paris, augmenterait de 0,4 % au troisième trimestre, et non de 0,5 % comme cela avait été prévu en juillet. Elle connaîtrait une légère baisse de 0,1 % au dernier trimestre. Cependant, la croissance économique française s'établirait à 1,1 % pour l'année en cours, ce qui est légèrement supérieur à ce que le gouvernement Attal avait anticipé (1 %).

Lors de l'élaboration du budget 2025, le nouveau Premier ministre Michel Barnier devra prendre en compte une économie stagnante. La prévision d'une augmentation du PIB de 1,4 % pour l'année prochaine, initialement prévue dans le programme de stabilité soumis à Bruxelles, semble déjà obsolète. Le Trésor a récemment publié une note indiquant une nouvelle prévision de croissance de 1,1 % pour 2024 et 2025. De plus, les décisions budgétaires du futur gouvernement influenceront certainement l'évolution économique du pays.

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D'après l'Insee, en 2024, le commerce international devrait être le principal moteur de la croissance, en apportant 0,9 point au PIB. Les Jeux Olympiques devraient également jouer un rôle en générant des revenus grâce au tourisme. Cependant, cette réussite est principalement due à la vigueur des exportations aéronautiques et navales. Un avantage dont la France devrait encore profiter l'année prochaine.

La progression de la demande intérieure semble être beaucoup plus imprévisible. "Au cours du deuxième trimestre, elle a stagné pour le troisième trimestre d'affilée", soulignent les analystes de l'Institut de la statistique. Une fois que l'impact des Jeux Olympiques a été exclu, l'activité a été légèrement plus basse que prévu, ajoutent-ils.

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La récente instabilité politique a eu des impacts notables. "Les sociétés ont ralenti leurs activités. De plus en plus, elles indiquent réduire leurs plans d'investissement lors des sondages", a expliqué Dorian Roucher, directeur du département de la conjoncture à l'Insee. Il a noté une diminution significative des commandes dans des domaines tels que l'équipement et la communication.

L'investissement des entreprises, déjà en baisse en début d'année en raison du coût élevé de l'emprunt, devrait probablement continuer à se contracter dans les mois à venir. L'Insee signale également que la diminution de la production de céréales pourrait entraîner une perte de 0,1 point de croissance économique cette année.

L'intérêt pour le secteur immobilier se réanime. En revanche, on s'attend à ce que la dépense des consommateurs se réveille enfin grâce à l'augmentation du pouvoir d'achat. En effet, le ralentissement de l'inflation se produit plus vite que prévu. À la fin de l'année, l'augmentation des prix pourrait atteindre 1,6 %, ce qui serait presque un retour à la normale, malgré quelques pressions continues sur les prix de certains services. Par conséquent, les prix augmentent maintenant à un rythme plus lent que les salaires. Les allocations sociales ont également été revalorisées.

Dans cette situation, l'augmentation du SMIC à l'automne est désormais « incertaine », a admis Dorian Roucher. Nous devrons patienter jusqu'à la divulgation vendredi du taux d'inflation final pour le mois d'août pour en être sûrs.

Pendant ce temps, la baisse des taux d'intérêt commence à montrer des signes positifs. On peut constater une augmentation de l'intérêt des Français pour l'achat immobilier, même si le volume des transactions reste faible. On pourrait voir une augmentation de la construction de nouvelles maisons. Cependant, les dirigeants d'entreprise sont susceptibles d'adopter une attitude prudente, désirant obtenir plus d'informations sur les politiques fiscales et budgétaires du nouveau gouvernement avant de recommencer à investir.

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Nathalie Silbert

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