Nouveau chef du gouvernement : Xavier Bertrand avait sévèrement critiqué la réforme des retraites
Considéré comme un des potentiels successeurs de Gabriel Attal à la tête du gouvernement, le dirigeant de la région Hauts-de-France avait exprimé des critiques à la fois sur le contenu et sur la manière de présenter la réforme des retraites, tout en soutenant l'idée d'une extension de la durée du travail.
Par Solenn POULLENEC
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Texte
Est-ce que le futur gouvernement va démonter la réforme des pensions de 2023 ? Xavier Bertrand, toujours considéré ce mercredi comme potentiellement capable de prendre la place de Gabriel Attal à Matignon, n'a pas arrêté l'année dernière de critiquer une réforme qu'il jugeait "profondément inéquitable" et "mal conçue", tout en recommandant une modification du système de retraites.
Lorsque le gouvernement d'Elisabeth Borne a présenté le projet visant à repousser l'âge de la retraite de 62 à 64 ans en janvier 2023, un des leaders de la droite s'était distingué des porte-parole de son parti en se désolidarisant des choix faits par le parti au pouvoir. Il avait critiqué cette réforme, la qualifiant de bénéfique uniquement pour ceux qui sont en bonne santé. C'est le même individu qui avait travaillé en tant que législateur sur la réforme des retraites de 2003 et qui avait dû gérer en tant que ministre du Travail celle de 2010 (qui a vu l'âge de la retraite passer de 60 à 62 ans).
La condition des femmes en débat
Se présentant comme le champion des classes moyennes, le président actuel de la région Hauts-de-France avait critiqué une réforme qui défavorise « ceux qui ont été usés par le travail et qui ont commencé leur carrière très tôt ». L'ancien leader de l'UMP visait spécifiquement la situation des personnes qui ont commencé à travailler jeune et qui peuvent prétendre à une retraite anticipée. Pour Xavier Bertrand, il était hors de question que ces "longues carrières" (reconnues en 2003) soient contraintes de cotiser plus longtemps que les autres travailleurs avant de pouvoir mettre fin à leur vie professionnelle.
Voir aussi :
ANALYSE – La possibilité Xavier Bertrand à Matignon est confrontée aux dynamiques de pouvoir à l'Assemblée nationale.
L'individu qui nourrit des aspirations à la présidence pour 2027, malgré son échec lors des préliminaires de la droite pour les élections présidentielles de 2022, exprimait également son inquiétude pour le destin des femmes qui, en raison d'une carrière professionnelle fragmentée, sont contraintes de rester actives jusqu'à l'âge de 67 ans. Face à la pression exercée par la droite, le gouvernement d'Elisabeth Borne a modifié sa position sur plusieurs des questions controversées. En élargissant la possibilité de prendre une retraite anticipée pour une "carrière longue" et en envisageant un système d'amélioration de la pension de retraite pour les mères ayant une carrière complète, en plus d'une meilleure considération des congés parentaux lors du calcul des retraites.
"Des situations incroyables"
Malgré cela, Xavier Bertrand n'est pas convaincu, lui qui préconise une abolition plus rapide des régimes spéciaux. Il n'a pas cessé de critiquer une réforme qu'il considère comme "financière" et "mal conçue", estimant qu'elle manque également d'ambition pour stimuler l'emploi des personnes âgées ou pour répondre aux problèmes de la dureté de certains emplois. "C'est une tromperie constante concernant les années de cotisations et les petites pensions", a-t-il dénoncé dans "La Provence" en mars 2023, quelques jours avant l'adoption difficile de la réforme, sans vote, en utilisant l'article 49.3 de la Constitution. "Nous sommes arrivés à des situations incroyables avec des années de cotisations qui fluctuent", a-t-il ajouté.
Xavier Bertrand a critiqué la manière dont le camp présidentiel a, selon lui, négligé le dialogue social. Cependant, il a constamment réitéré l'importance d'augmenter le temps de travail pour beaucoup (qui aurait pu, selon lui, être davantage accompli par une augmentation de la durée de cotisation plutôt que par une augmentation de l'âge légal). "Deux années supplémentaires, c'est inévitable", avait-il affirmé en janvier 2023. Cette perspective risque de déplaire aux partisans d'une "annulation" de la réforme des retraites.
Le Nouveau Front populaire et le Rassemblement national (RN) sont résolus à prioriser la question, malgré les récentes mises en garde concernant le déficit continu du système de retraite, même après la réforme de 2023. Le RN a déjà prévu de présenter une proposition de loi sur ce sujet fin octobre. Si Xavier Bertrand devait prendre le poste de Premier ministre, il reste à voir comment il gérerait une réforme qui « manquait d'équité sociale », surtout compte tenu de l'augmentation des excédents budgétaires récents.
Solenn Poullennec
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