Urgences hospitalières: Un été de tension malgré des améliorations, débat entre le gouvernement et les syndicats

Hôpitaux : les services d'urgence ont vécu un autre été stressant

Bien que les choses se soient améliorées au cours des deux dernières années, environ cinquante services d'urgence demeurent sous pression, admet Frédéric Valletoux, le ministre de la Santé. Cependant, le syndicat Samu-Urgences de France soutient que la situation s'est détériorée. Le problème de la réduction de 1.500 postes pour les internes aggrave davantage la situation déjà tendue.

Par Alain Ruello

Alors que la fin des vacances d'été approche, le gouvernement actuel et les syndicats de professionnels de santé s'accordent sur un point concernant les urgences pendant cette saison généralement difficile: une pression constante, principalement due à un manque de personnel. C'est là que l'accord se termine. Pour le gouvernement, la situation s'est améliorée au cours des deux dernières années, grâce aux actions mises en place après la Covid. Cependant, les syndicats pensent au contraire que la situation s'est fortement dégradée, en citant des exemples tels que Brest où des patients âgés ont dû attendre plus de 10 heures.

Parmi les 650 services d'urgence existants en France, environ 50 sont en difficulté, souligne l'ancien ministre adjoint de la Santé, Frédéric Valletoux. "C'est toujours trop", admet-il lors d'un entretien avec 'Echos', "mais c'est une amélioration par rapport à il y a deux ans". L'année 2022 est mentionnée pour une raison précise : les vacances d'été et l'épuisement du personnel soignant dus à la Covid avaient exacerbé la situation, poussant le gouvernement à lancer une mission d'urgence. Cette mission, confiée à François Braun, un médecin urgentiste qui est devenu ministre par la suite, a abouti à un ensemble de mesures prescrites.

"Un long parcours"

Frédéric Valletoux mentionne que l'amélioration des conditions de garde a été maintenue depuis. Le système d'accès aux soins (SAS), un mécanisme de redirection vers la médecine privée, a été mis en place dans 93% des régions. Il devrait être totalement opérationnel d'ici la fin de l'année. "C'est encore nouveau, mais les premiers retours, comme ceux du Finistère par exemple, indiquent que cela allège la pression sur les services d'urgence", ajoute-t-il.

Selon lui, la conjoncture demeure préoccupante dans plusieurs zones, cependant, elle s'améliore dans beaucoup d'autres. "C'est une longue route et nous sommes à une étape cruciale alors que certaines actions commencent à montrer des résultats", argumente le ministre. De plus, l'aspect de la loi de décembre qui introduit une nouvelle distribution des rotations entre les cliniques et les hôpitaux va alléger la charge durant la nuit, les week-ends et les jours fériés.

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"Discours adouci comme chaque année", "paroles apaisantes" déconnectées de la réalité, "promesses sensationnelles"… Le Docteur Marc Noizet, président du syndicat Samu-Urgences de France, dessine un paysage beaucoup plus inquiétant. L'organisation attend le 15 septembre et les résultats de son enquête annuelle pour révéler ses statistiques, mais pour elle, une chose est certaine : il y a bien plus que 50 services qui sont sous pression.

Bien que les circonstances soient diverses et variées, je suis d'avis que si l'on considère la totalité des institutions, on observerait probablement une détérioration générale", a-t-il affirmé lors d'un entretien avec le "Quotidien du médecin". Que dire de la crise des services d'urgence ? C'est une crise qui touche le système de santé dans son ensemble. "Nous nous retrouvons à devoir gérer toutes les tâches que les autres ne peuvent plus accomplir. Cependant, si on améliore les services de santé en ville pour leur permettre de mieux gérer leurs patients et que les spécialistes modifient leur gestion des cas, on réduira le nombre de patients dans les services d'urgence", soutient-il.

Aucun poste supplémentaire pour les internes

L'état des services d'urgence après la pause estivale a toujours été examiné de près, surtout depuis la pandémie de Covid. Cependant, l'année 2024 a pris une tournure spéciale avec le "scandale" de la réduction de 1 500 postes d'internes dans les hôpitaux à la rentrée. Plutôt que de faire face aux premiers impacts de la réforme de leur examen (qui a été mise en place en 2019 pour une première mise en œuvre cette année), de nombreux étudiants ont choisi de redoubler leur sixième année. Selon la Conférence des doyens de médecine, citée par l'AFP, le taux de redoublement a augmenté à 7 %, contre 3 % habituellement. En conséquence, seuls 7 974 postes ont été créés par décret, soit une baisse de 16 % par rapport à 2023.

Il y a moins d'espace en général et donc moins d'espace pour chaque spécialité, même si le ministère insiste sur le fait qu'il a maintenu les spécialités les plus prioritaires comme la pédiatrie et la psychiatrie. L'attribution se fait sur la base du classement obtenu à l'examen. Des étudiants se sont manifestés pour décrier cette situation injuste, bien que leurs organisations représentatives ne les aient pas soutenus.

"Chaque année, le nombre de postes disponibles est ajusté en fonction du nombre d'étudiants à placer. De plus, le taux d'échec est resté en dessous de 2%. Les étudiants seront récupérés l'année prochaine", modère Frédéric Valletoux. Tandis que la procédure d'affectation en ligne commence ce vendredi, aucun poste supplémentaire ne sera ajouté. Faire cela reviendrait à désavantager la médecine générale ou les petits CHU, ajoute-t-il. Il appartient au prochain gouvernement de reconsidérer, ou pas, la réforme de 2019.

Ruello Alain

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