Sciences Po vise la tranquillité après une période tumultueuse de plusieurs mois. Les prétendants au poste de direction de l'institution passent des entretiens ce jeudi et vendredi. En attendant le futur dirigeant, Sciences Po s'efforce d'apprendre de l'effervescence étudiante qu'il a connue au printemps dernier.
Par Frédéric SCHAEFFER
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Sciences Po n'est pas exempt de la gestion des affaires quotidiennes. Depuis la démission inattendue de Mathias Vicherat en mars dernier, l'institution attend l'arrivée de son nouveau directeur. Les prétendants à sa succession passent leur audition ce jeudi et vendredi avant qu'un choix final soit communiqué aux autorités publiques le soir du 20 septembre.
Pour l'instant, c'est sous la direction de l'administrateur temporaire Jean Bassères que l'institution débute son année scolaire. Malgré une année "plutôt complexe" due à la crise découlant du départ de Mathias Vicherat (qui fait face à des accusations de violence domestique devant la justice), et les manifestations d'étudiants en faveur de la Palestine, l'ex-directeur général de Pôle emploi a décrit mercredi la rentrée comme étant "tranquille".
Malgré les controverses récentes, Jean Bassères a affirmé lors d'une conférence de presse que l'attrait de Sciences Po demeure très élevé et que la qualité des candidats admis s'est encore améliorée cette année. Environ 15 600 personnes ont postulé pour entrer en première année à Sciences Po, ce qui représente une augmentation de près de 9% par rapport à 2023. De ce nombre, plus de 1 850 nouveaux étudiants ont commencé leur première année d'études.
Alors qu'elle attend la nomination d'un nouveau directeur pour traiter les dossiers majeurs, Sciences Po tente d'apprendre des mouvements étudiants qui ont secoué l'établissement au printemps dernier. Plusieurs manifestations d'étudiants en faveur de la Palestine, qui ont entraîné des interventions policières, ont eu lieu sur les campus de Sciences Po à Paris et dans d'autres régions. Ces événements ont ravivé les discussions politiques et alimenté des polémiques sur des allégations d'antisémitisme. "Il est essentiel de remettre la culture du débat et du dialogue au centre de notre institution," a déclaré Jean Bassères lors d'un point presse mercredi.
Des leçons concernant le différend entre Israël et la Palestine
Avant la fin du mois, une leçon sur la liberté d'expression sera dispensée à tous les étudiants de première et de deuxième année, en langue française et anglaise. Cette leçon, qui durera deux heures en face-à-face, a pour objectif principal d'informer les étudiants sur le "cadre légal" de la liberté d'expression en France, "y compris sur les plateformes en ligne".
Une autre innovation de cette rentrée est l'introduction d'un programme de 12 conférences dédiées au conflit israélo-palestinien, qui sera accessible à tous les étudiants. "En tant qu'institution universitaire, il est de notre devoir d'offrir à nos étudiants une éducation et des informations approfondies sur ce conflit qui suscite beaucoup de curiosité, mais pour lequel ils ne disposent pas nécessairement de toutes les connaissances nécessaires", a souligné l'administrateur temporaire. Sciences Po s'engage également à renforcer sa lutte contre les discriminations, l'antisémitisme et le racisme (grâce à la mise en place d'un cours en ligne obligatoire), à sensibiliser les étudiants des deux années à "la gestion pacifique des conflits" et à ouvrir de "nouveaux canaux" de communication entre les étudiants et l'administration.
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Il incombera à la future direction de s'occuper de nombreux projets en attente, tels que le problème du modèle économique ou l'augmentation du personnel enseignant-chercheur pour être au même niveau que la concurrence mondiale, sans oublier la position académique de l'institution. Environ dix candidats ont postulé pour la direction de Sciences Po au début du mois de juillet.
Ces jeudi et vendredi, une commission d'examen auditionne des individus afin de créer une liste préliminaire de candidats. Ces candidats seront ensuite rencontrés par les deux conseils de Sciences Po (le conseil de l'institut et le conseil de la Fondation nationale des sciences politiques – FNSP) les 19 et 20 septembre. Suite à ces rencontres, un unique candidat sera recommandé à Emmanuel Macron et au futur ministre de l'Enseignement supérieur. Le rôle de directeur de Sciences Po inclut également le poste d'administrateur de la FNSP, ce qui nécessite deux décrets distincts. Cette dualité peut poser problème en cas de cohabitation et de désaccord entre l'Elysée et le ministère.
Frédéric Schaeffer
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