Si la redistribution n'était pas en place, la France aurait 4,4 millions de pauvres en plus. Une étude de la Drees révèle que grâce à la redistribution, le taux de pauvreté passe de 21,4% à 14,5% de la population. Cela a un impact considérable sur les familles monoparentales, les personnes inactives et les chômeurs, bien qu'ils soient toujours parmi les groupes les plus défavorisés.
Par Solène Cazenave
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Le processus de redistribution a un impact considérable en France. En 2021, les impôts directs et les aides sociales non contributives – tels que les allocations familiales ou le RSA – ont permis de réduire d'un tiers le nombre d'individus vivant dans la pauvreté, selon une étude de la Drees, l'organe de recherche et de statistiques des ministères sociaux, basée sur une enquête de l'Insee. Le nombre de personnes pauvres est passé de 13,5 millions à 9,1 millions grâce à la redistribution. Cela équivaut à une réduction de près de 7 points du taux de pauvreté national, qui est passé de 21,4 % à 14,5 %.
On considère comme étant dans la pauvreté les individus dont les revenus ne parviennent pas à atteindre 60% du revenu médian. En 2021, ce seuil a été établi à 1.158 euros par mois pour un individu vivant seul et 2.432 euros pour une famille de deux adultes et deux enfants de moins de 14 ans. L'étude dévoile que la redistribution des richesses contribue grandement à diminuer les disparités financières, réduisant le ratio de 8,2 à 4,5 entre les revenus des 20% les plus aisés et ceux des 20% les plus démunis.
La redistribution a le plus d'impact sur près de 40% des revenus des plus démunis. C'est surtout vrai pour les familles monoparentales, où une différence de 20,5 points est observée entre les situations avec et sans redistribution. Ensuite, les personnes non employées sont affectées à hauteur de -13 points, suivies des familles nombreuses et des chômeurs à -12 points, des moins de 20 ans à -11,5 points et des adultes handicapés à -10 points.
Cependant, les groupes qui profitent le plus de la redistribution sont toujours parmi les plus défavorisés, note la Drees. Leur niveau de pauvreté est nettement plus élevé que la moyenne, dépassant 20% pour les moins de 20 ans, 35% pour les personnes sans emploi et 39% pour les membres de familles monoparentales ayant au moins deux enfants.
En 2021, la France comptabilisait 9,1 millions d'individus en situation de pauvreté. Pour ces personnes, les aides sociales non contributives constituaient en moyenne 38 % de leurs ressources disponibles. De ce fait, cette population est particulièrement vulnérable aux fluctuations de certaines allocations.
Par contre, l'impact de la redistribution est moins significatif chez les personnes retraitées (-3,5 points), qui sont relativement moins touchées par la pauvreté. « Aujourd'hui, le niveau de vie des seniors comparé au reste de la population est plutôt satisfaisant », souligne Lionel Wilner, économiste au Centre de recherches en économie et statistiques (Crest).
Approche de la "redistribution étendue"
Une autre méthode est d'examiner les impacts de la "redistribution étendue", en considérant les bénéfices sociaux tels que les pensions et l'assurance chômage. "Bien que ces derniers aient principalement un but d'assurance, ils participent également à la redistribution", pense Lionel Wilner.
La répartition "étendue" cherche également à mesurer l'avantage que chaque personne obtient des services publics, en fonction de sa participation. "On évalue les bénéfices de la santé, de l'éducation, de la justice… Selon cette évaluation, le niveau de vie des foyers les plus riches est 18 fois plus élevé que celui des foyers les plus pauvres sans aucune forme de redistribution, et 3 fois plus élevé lorsque l'on prend en compte la redistribution étendue."
Voir également :
ENTRETIEN – "Il est impossible d'augmenter véritablement le pouvoir d'achat en se basant uniquement sur la redistribution"
Dans les nations prospères, plus de 20% des enfants vivent dans la misère.
Solène Cazenave
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