Santé: potentiel arrêt de travail à venir dans les laboratoires de biologie médicale
Les syndicats de biologistes encouragent les laboratoires d'analyses à fermer leurs portes à partir du 20 septembre pour protester contre les réductions de tarifs envisagées par la CNAM. Ces dernières ne seront effectives qu'en 2024, affirme le directeur général de l'Assurance Maladie, Thomas Fatôme, dans une lettre adressée aux syndicats. Il prévoit de les contacter la semaine prochaine.
Par Leïla de COMARMOND
Les centres de tests médicaux vont-ils fermés dans trois semaines ? Au début du mois d'août, leurs syndicats avaient exprimé leur mécontentement face à la réduction des tarifs que l'Assurance Maladie souhaite leur imposer. Suite à l'absence de réponse satisfaisante de la part de la CNAM, ils intensifient leur mobilisation à la rentrée. Dans une déclaration conjointe, ils menacent, si la situation ne change pas, d'appeler leurs collègues à se mettre en grève du vendredi 20 septembre au lundi 23 septembre inclus, ajoutant que cette fermeture pourrait être prolongée.
Les syndicats mettent également en garde contre le fait que la CNAM ne couvrira plus les tests biologiques à partir de décembre 2024, une fois que le budget alloué à la biologie médicale sera épuisé. Jean-Claude Azoulay, président du Syndicat national des médecins biologistes, indique que cela va créer un problème majeur puisque l'Assurance Maladie va exiger le remboursement de ces coûts. Il prédit avec ses collègues une fermeture forcée de la CNAM, entraînant l'arrêt total des laboratoires, probablement vers la mi-décembre, lorsque le budget pour la biologie sera épuisé.
Augmentation des coûts des soins de santé en ville
Le désaccord se concentre sur l'application du pacte signé en juillet 2023 qui est supposé établir les normes de régulation du domaine par la Sécurité sociale pour une période de trois ans, de 2024 à 2026. Suite à plusieurs grèves durant l'hiver 2022-2023 pour manifester contre des coupes budgétaires imposées par le gouvernement, les biologistes avaient finalement réussi à parvenir à un consensus avec l'Assurance Maladie en été 2023.
Il avait prévu une augmentation des dépenses en biologie de 0,4 % par an, ce qui entraînerait des réductions de tarifs de 80 à 90 millions d'euros chaque année. Cependant, face à une explosion des dépenses de soins urbains, l'entité publique vise à économiser 120 millions d'euros d'ici la fin de l'année, en s'appuyant sur la réduction des coûts payés aux laboratoires privés pour diverses procédures. Les syndicats de biologistes critiquent la magnitude de l'effort qui leur est demandé. « Nous pouvons gérer une réduction de 2 %, mais pas de 5 % », déclare Jean-Claude Azoulay.
Voir également :
Hôpitaux : une autre saison estivale stressante aux services d'urgence
La CNAM a réitéré sa position : "La Sécurité Sociale ne demande pas plus que ce qui a été prévu dans le protocole et exige simplement l'adhésion aux conditions du protocole signé l'année précédente" et "la biologie demeure une activité profitable". Toutefois, son directeur général a envoyé une lettre aux syndicats jeudi dernier, ouvrant la possibilité à une reprise des discussions.
Dans sa lettre, Thomas Fatôme réfute toute action « unilatérale » de la part de l'Assurance Maladie, en énumérant les interactions qui ont eu lieu pendant le premier semestre. Il minimise également l'importance des économies demandées, en précisant qu'elles peuvent « ne pas être suffisantes pour respecter le budget prévu par le protocole pour 2024 ». Il insiste en outre sur le fait que « les échelles de cotation seront sujettes à réévaluation début 2025, en fonction des tendances observées au dernier trimestre de 2024 et aux premières semaines de 2025 ».
Il encourage surtout les biologistes à rétablir le dialogue conformément au protocole signé il y a moins d'un an et à poursuivre cette approche contractuelle que l'Assurance Maladie continuera de soutenir. "J'ai bien l'intention de renouer le contact avec eux très bientôt ; je proposerai la semaine prochaine une nouvelle discussion", déclare Thomas Fatôme aux "Echos", en soulignant qu'il "n'est pas envisageable de se détourner du cadre du protocole".
Quoi qu'il en soit, l'arrêté établissant les nouveaux coûts des prestations est en cours de préparation. Il n'est pas nécessaire d'avoir une approbation ministérielle pour qu'il soit effectif, il y a seulement un droit de contestation. Est-ce que l'annonce dans le « Journal Officiel » sera retardée jusqu'à la nomination du nouveau gouvernement ? Dans tous les cas, ce sujet sera une priorité pour le futur ministre de la Santé.
Comarmond Leïla
Essayez sans frais notre offre Premium Entreprises !
Nos Films
Qui sont les vrais gagnants des paris sportifs en ligne ?
Portugal, Espagne, Grèce : le retour en force des "pays du Club Med"
Les jeunes ont-ils réellement un souci avec l'emploi ?
SNCF : est-ce que la concurrence peut réduire les tarifs des billets de train ?
Le plus consulté
Compte d'épargne universel : le gouvernement Macron persiste, la gauche refuse
Du côté de Macron, des ouvertures prudentes concernant la réforme des retraites
Comment le Medef envisage d'influencer la crise politique
À l'avant-plan
La Serbie finalise l'acquisition de 12 avions de combat français Rafale
Budget 2025 : le plan de Gabriel Attal envisage de nouvelles réductions pour la transition écologique
Emmanuel Macron sous tension pour désigner rapidement un Premier ministre
Société
La diversité des origines des immigrés en France
Santé : une nouvelle grève pourrait être déclenchée dans les laboratoires de biologie médicale
Comment la crise politique va accroître l'influence des partenaires sociaux
Conseils pratiques
P
L'équipe
Toutes les autorisations sont gardées – Les Echos 2024