En vue de Michel Barnier, les employeurs et les syndicats se préparent pour le combat
Les employeurs espèrent que le nouveau Premier ministre continuera à les soutenir dans les négociations à venir entre les parties sociales. La plupart des syndicats sont en attente de plus d'informations sur les plans du leader gouvernemental pour prendre position.
Par Leïla de COMARMOND
Michel Barnier est décrit comme un individu très mesuré, résolu et hautement qualifié. Patrick Martin, le dirigeant du Medef, a couvert d'éloges le nouveau Premier ministre mardi matin sur RTL. L'orientation politique de droite de Barnier, ainsi que son expérience en tant qu'ancien commissaire européen, apportent un certain réconfort aux chefs d'entreprise qui craignent une remise en question de la politique favorable aux entreprises. C'est la conclusion que l'on peut tirer des propos du leader des chefs d'entreprise, qui a été peu généreux en propositions envers les syndicats, que ce soit sur les sujets des retraites ou de l'assurance-chômage.
Il n'a pas totalement rejeté l'idée de poursuivre les discussions sur le premier sujet, mais uniquement en ce qui concerne « la progression professionnelle des femmes » et « l'épuisement au travail », tout comme Michel Barnier, à condition que « l'équilibre financier » soit maintenu. Il n'a rien dit sur l'emploi des personnes âgées, mais a mis l'accent sur « le niveau de couverture sociale ». « Il se pourrait qu'une réforme plus poussée de l'assurance-chômage soit nécessaire », a-t-il suggéré, alors que Gabriel Attal a dû abandonner ses projets de durcissement des conditions et que cela est un point de discorde avec les syndicats.
Scène purement politique
Est-ce une stratégie de pré-négociation ou une position plus pérenne ? En tout état de cause, les dirigeants d'entreprise ont bien noté que l'absence de majorité absolue à l'Assemblée donne plus de pouvoir aux partenaires sociaux. Le choix d'Emmanuel Macron semble cependant le soutenir dans son conflit avec les syndicats de travailleurs. Ce constat ne leur a pas non plus échappé et les préoccupe. Beaucoup parient sur la reconduction de Catherine Vautrin au ministère du Travail, ce qui impliquerait qu'aucune personnalité de gauche ne serait nommée à ce poste, ce qui aurait été bénéfique pour les syndicats.
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PORTRAIT – Michel Barnier, l'intermédiaire
Actuellement, tout comme la direction, ces individus attendent impatiemment leur première rencontre avec le Premier ministre, qui devrait arriver sous peu. Au cours de la rencontre qui a réuni les dirigeants des huit groupes de travailleurs au bureau de Solidaires et à distance lundi soir, ils ont convenu de prendre leur temps. Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, n'a pas réussi à obtenir une nouvelle déclaration conjointe.
"Michel Barnier n'a pas été aperçu, cela pourrait être mal compris", déclare un membre de l'intersyndicale, reflétant l'opinion générale. "Nous lui donnons une opportunité", précise François Hommeril, le président de la CFE-CGC.
Entre le face-à-face conflictuel et le risque de la conversation
« La plupart des groupes ont voulu attendre le discours sur la politique générale, mais le document signé le 11 juillet par tous les syndicats, qui souligne nos revendications sociales, est toujours pertinent », déclare Sophie Binet. Dans cette annonce faite quatre jours après les élections législatives, la CFDT, la CGT, FO, la CFE-CGC, la FSU, l'Unsa et Solidaires mettaient l'accent sur le besoin d'une plus grande « démocratie sociale » et demandaient que la réforme de l'assurance-chômage soit « définitivement rejetée » et que celle des retraites soit « annulée ».
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Un an auparavant, le 13 octobre 2023, l'ensemble des syndicats avaient encouragé une manifestation contre l'austérité et en faveur des salaires. Cependant, cette année, le 1er octobre, seuls la CGT, Solidaires et la FSU organiseront la mobilisation. Le mécontentement grandit face à l'imposition par la centrale de Montreuil d'une date pour la manifestation. Le désaccord se situe également au niveau de la tactique à adopter face au nouveau gouvernement, entre une opposition directe et un dialogue. Le soutien de la CGT au NFP, depuis l'incitation à voter pour le Nouveau Front populaire lors des élections législatives jusqu'à la critique du refus d'Emmanuel Macron de nommer Lucie Castets, est également source de tension. Cette attitude irrite de plus en plus la CFDT et FO, ce qui ne facilite pas la mise en place d'actions communes.
Il est hors de question de perturber l'élan intersyndical initié depuis 2022. Tout le monde comprend qu'en créant des divisions, on aura plus à perdre qu'à gagner. François Hommeril garantit que "ce dialogue est un résultat de la lutte pour les retraites qui ne va pas disparaître". Il a été décidé de reporter la prochaine réunion intersyndicale après le discours de politique générale de Michel Barnier, au début du mois suivant, ce qui coïncide avec la manifestation du 1er octobre.
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Comarmond Leïla
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