Budget 2025: Le défi du futur gouvernement face à la rigueur du Pacte de stabilité rénové de l’UE

Prévisions budgétaires 2025 : le gouvernement à venir face à une pression européenne considérable

Le Pacte de stabilité révisé, qui a pris effet en avril passé, sera en vigueur dès l'année suivante. En échange de sa souplesse, son application doit être rigoureuse.

Par Karl de MEYER

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La situation politique complexe et incertaine en France, en particulier sur le plan budgétaire, survient à un moment inopportun. En effet, l'année 2024 est celle du retour en force du Pacte de stabilité de l'UE, qui avait été mis de côté en 2020 en raison de la crise sanitaire et du conflit en Ukraine.

En avril, des régulations économiques récemment débattues en 2023 sont devenues opérationnelles, principalement grâce aux efforts de Bruno Le Maire de Bercy et Christian Lindner du "BMF" allemand. Ces régulations seront mises en place à partir de 2025.

Le Pacte "modernisé" instaure un certain degré de souplesse qui autorise les pays membres les plus endettés ou les plus dépensiers à établir un plan d'ajustement sur sept ans qu'ils peuvent "s'approprier". En échange, les nouvelles directives doivent désormais être pleinement respectées, contrairement aux précédentes, que la France a pu éviter pendant longtemps. En 2016, Jean-Claude Juncker, alors à la tête de la Commission, avait résumé cette indulgence par une phrase restée célèbre : "parce que c'est la France".

Question de fiabilité

On dirait que cette époque est révolue. L'année précédente, le déficit français a sérieusement dévié, atteignant 5,5% du PIB. Le ministère de l'Économie et des Finances prévoit encore 5,1% cette année et 4,1% en 2025, mais ces estimations semblent excessivement optimistes. Quoi qu'il en soit, elles sont toujours très loin de la norme de référence de 3% du PIB. C'est pourquoi en juin, Bruxelles a engagé une procédure pour un "déficit public excessif" contre la France (et six autres pays membres, dont l'Italie, la Pologne et la Belgique).

La France est maintenant le troisième pays le plus endetté de l'Union, juste après la Grèce et l'Italie, avec une dette qui représente 110,6% du PIB à la fin de 2023. Selon Bruxelles, cette dette pourrait encore grimper pour atteindre 112,4% fin 2024 et 113,8% fin 2025. C'est presque le double du pourcentage de la dette allemande (63,6% fin 2023, 62,2% prévu pour 2025). Face à ces chiffres alarmants, les défenseurs du nouveau pacte insistent sur l'importance de son application stricte pour renforcer sa crédibilité.

Parcours

En juin, l'eurodéputé allemand conservateur Markus Ferber, expert en matière budgétaire, a suggéré que les initiatives prises par la Commission sont un "essai crucial pour la nouvelle structure de gestion économique. […] Nous revenons enfin à une stratégie économique plus structurée".

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L'actuel responsable des Affaires économiques, Paolo Gentiloni, est censé recevoir la proposition de plan de Bercy d'ici la fin septembre. Son successeur dans la nouvelle commission, qui prendra probablement ses fonctions à partir du 1er novembre, est censé, en théorie, achever le plan à long terme de la France en novembre, pour le présenter en décembre au Conseil Ecofin pour approbation.

Un automne financier tumultueux

Au vu du contexte actuel, ce programme semble difficile à maintenir. Si la France accuse un retard par rapport à ses alliés, sans aucune clarté pour les années à venir, quelle sera la réaction des marchés et des investisseurs du monde entier ? Les discussions entre le ministre français des Finances et le commissaire européen devront-elles être menées dans la précipitation en novembre ?

Lors de l'exposition de ses perspectives économiques du printemps, en mai précédent, Paolo Gentiloni avait envisagé un « été financier intense » en prévision des débats qui devaient se dérouler entre juin et septembre. Pour la France, il est fort probable que ce soit plutôt un « automne financier intense ».

Karl De Meyer (Bureau basé à Bruxelles)

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