Finances : Bruno Le Maire défend vigoureusement son bilan
Interrogés par le comité financier de l'Assemblée nationale, les responsables des ministères de l'Economie et du Budget ont affirmé avoir pris les mesures nécessaires pour réorganiser les finances de l'Etat. Bruno Le Maire juge réalisable et bénéfique de garder le cap pour que le déficit tombe en dessous de 3 % du PIB en 2027.
Par Sébastien DUMOULIN
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S'il ne devait en rester qu'un, ce serait lui. Malgré les avertissements concernant un éventuel nouvel écart des finances publiques, le ministre démissionnaire de l'Économie continue de le défendre avec vigueur : il est désirable et réalisable de suivre le chemin budgétaire établi au printemps précédent.
"Bruno Le Maire est fermement convaincu que nous sommes capables, et selon lui, devons nous efforcer d'atteindre un déficit de 5,1 % d'ici 2024. De même, il vise à ramener le déficit en dessous de 3 % du PIB au cours des trois années à venir, bien que cette perspective ait été qualifiée de "dépassée", "peu plausible et pas nécessairement souhaitable" par Pierre Moscovici, le Premier président de la Cour des comptes, le week-end dernier.
Lors de son dernier entretien avec la Commission des finances de l'Assemblée nationale lundi soir, en compagnie de son ministre du Budget Thomas Cazenave, Bruno Le Maire reste inébranlable. Il soutient fermement son bilan et garantit que tout est prêt pour redresser les finances publiques. "Nous avons pris des décisions politiques précises pour garantir un retour à la normale en 2024", a-t-il argumenté.
La législation qui a fait défaut
Suite à une série de crises (tels que le mouvement des "Gilets jaunes", la pandémie de Covid et l'inflation), qui, d'après lui, justifiait d'augmenter la dette pour protéger la population française, il était nécessaire d'arrêter certains dispositifs extraordinaires, ce que la France n'a jamais réussi à faire après une crise. Ainsi, le gouvernement précédent a augmenté les taxes sur l'électricité au début de l'année pour recueillir 5 milliards d'euros, puis a décidé d'épargner 10 milliards sur le budget de l'Etat en février, avant de déclarer en avril le besoin d'économiser 10 milliards supplémentaires pour rester dans les limites.
Malheureusement, la dernière tentative n'a pas abouti, faute de révision de la loi de finances au printemps dernier, déplore Bruno Le Maire. Le ministre avait ardemment défendu cette option, sans succès. Gabriel Attal et Emmanuel Macron n'ont pas donné leur accord. "Cela aurait été plus judicieux et démocratique", regrette-t-il encore devant les parlementaires. Par conséquent, aucune nouvelle mesure fiscale n'a été adoptée (notamment les taxes sur les entreprises énergétiques et les rachats d'actions, qui pourraient générer 3 milliards d'euros dès 2024 selon le Ministère de l'Économie), aucune conversation n'a pu être entamée sur la gestion des finances publiques locales et les nouvelles économies de 5 milliards sur le budget de l'Etat n'ont pas pu être explicitées.
Trois suggestions
Les problèmes financiers se sont intensifiés pour le gouvernement français. Au cours de l'été, le ministère des Finances a averti à plusieurs reprises d'un déficit sans précédent au niveau des collectivités locales – qui pourrait être de 16 milliards d'euros de plus que ce qui avait été prévu – et de la faible quantité de revenus fiscaux attendus. Sans l'application de nouvelles stratégies, le déficit pourrait encore augmenter pour atteindre 5,6 % en 2024 et même 6,2 % en 2025, selon un rapport gouvernemental publié la semaine dernière. "Ce n'est pas une garantie, c'est une possibilité", a déclaré Bruno Le Maire, qui estime que ces défis peuvent être surmontés.
Le ministre sortant a donc fait trois suggestions. Premièrement, annuler une portion de 16 milliards de fonds bloqués ces derniers temps par l'administration précédente, pour compenser une potentielle baisse des revenus fiscaux. Deuxièmement, rassembler rapidement le Haut conseil des finances publiques locales afin de discuter et déterminer ce qui peut être fait pour contrôler les dépenses des villes, départements et régions. Enfin, mettre en place une loi de finances révisée dans les semaines à venir pour générer de nouvelles recettes grâce à l'impôt sur les fournisseurs d'énergie et celui sur les rachats d'actions. Ces points ont été communiqués à Michel Barnier.
Dumoulin Sébastien
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