Bruno Le Maire abaisse les prévisions de croissance pour 2024 à 1% et annonce des restrictions budgétaires pour l'Etat. Le ministre de l'Economie et des Finances prévoit maintenant une augmentation de 1% du PIB cette année, ce qui est bien en dessous des 1,4% précédemment prévus. Il a affirmé dimanche soir sur TF1 un programme d'économies de 10 milliards d'euros pour cette année.
Par Nathalie Silbert et Isabelle Ficek
C'est l'heure des révélations. Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie et des Finances, était l'invité du journal télévisé de TF1 ce dimanche soir où il a fait part du nouveau chiffre de croissance prévu par le gouvernement pour la France en 2024. Il envisage actuellement une augmentation de 1% du PIB pour cette année, ce qui est bien en dessous des 1,4% précédemment estimés.
Le gouvernement ressentait une pression croissante pour rectifier la situation. "Plus tôt on est honnête, mieux c'est", admettait un conseiller gouvernemental juste avant le week-end, alors que toutes les organisations internationales ont récemment révisé à la baisse leurs prévisions de croissance pour la France. Le Fonds monétaire international a d'abord réduit ses prévisions de 1,3% à 1%, suivis par la Commission européenne qui a abaissé son objectif de 0,3 point la semaine dernière pour l'ajuster à 0,9%, un chiffre qui correspond à celui prévu par la Banque de France. Plus pessimiste, l'OCDE ne prévoit désormais qu'une augmentation de 0,6% du PIB pour cette année en France.
Objectif de déficit fixé à 4,4 % du PIB
En effet, depuis le second semestre 2023, il y a eu une stagnation de l'activité économique en France. Cependant, en 2024, la France a commencé l'année avec une croissance limitée à seulement 0,1 %. Les mois à venir semblent être sombres. Cependant, Bruno Le Maire a souligné que l'économie française est plus résistante que celle des autres pays développés. Il a justifié cette révision en citant "le nouveau paysage géopolitique" et "un ralentissement de la croissance à l'échelle mondiale avec des révisions majeures au Royaume-Uni, en Allemagne et surtout en Chine".
L'ajustement des objectifs français rend l'équation financière de Bercy plus complexe. Il souligne que moins de croissance se traduit par moins de revenus fiscaux. Le ministre de l'Economie, déjà aux prises avec un exercice 2023 qui n'a pas atteint les résultats attendus, ne remet pas en doute l'objectif de rétablissement des finances publiques cette année, en visant à réduire le déficit à 4,4% du PIB. Cependant, l'obstacle semble désormais plus grand. De plus, le coût a augmenté ces derniers jours avec l'annonce de nouvelles aides pour les agriculteurs, les entreprises de construction, etc.
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Bruno Le Maire a assuré ce dimanche la mise en place d'un programme d'économies, atteignant 10 milliards d'euros cette année, comme l'indiquaient « Les Echos » au début du mois de février. Ces économies seront entièrement mises en œuvre par l'Etat. Il a défendu cette décision comme étant le chemin du courage et de la responsabilité, tout en repoussant l'option plus facile d'augmenter les impôts.
Suppression de fonds
Plus précisément, grâce à deux décrets qui seront mis en place dans les jours à venir, des suppressions de fonds totalisant 5 milliards d'euros seront initiées dans tous les ministères, tandis que 5 milliards d'euros supplémentaires seront économisés dans les politiques publiques. Entre autres, les entités gouvernementales – France Compétence, Business France, l'Agence nationale de la cohésion des territoires, le CNES, etc. – seront sollicitées pour un montant de 1 milliard d'euros. De plus, l'aide gouvernementale au développement sera réduite de 800 millions d'euros. Enfin, les sommes allouées à MaPrimRenov' augmenteront de 3,5 milliards d'euros en 2023 à 4 milliards cette année, au lieu des 5 milliards initialement prévus.
La tâche est difficile. Bruno Le Maire doit agir rapidement car les agences de notation seront sollicitées au printemps pour donner leur nouvel avis sur la dette française. C'est une affaire qui cause beaucoup de stress au gouvernement. Une baisse de la note française juste avant les élections européennes de juin prochain serait très mal perçue.
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L'écart financier de l'État s'est aggravé plus qu'anticipé en 2023.
Depuis un certain temps, le responsable de Bercy préparait les gens à cette détérioration. "Après le Covid, la reprise économique, l'arrêt de l'inflation, notre préoccupation actuelle, insiste un ministre, est de rétablir une situation financière stable, faute de quoi nous nous dirigeons vers une crise. Le plus difficile est encore à venir."
Suite aux élections européennes
Le gouvernement, ayant tenu plusieurs rencontres de haut niveau récemment à l'Elysée et à Matignon entre le Premier ministre Gabriel Attal et Bruno Le Maire, a pour le moment choisi de ne pas opter pour un collectif budgétaire. Cependant, l'occupant de Bercy a mentionné : « Je conserve l'option d'une loi de finances rectificative pour l'été prochain, en fonction de la situation économique et de l'évolution des taux d'intérêt ». Soit après les élections européennes.
La problématique avait été abordée lors de la première rencontre du gouvernement Attal au grand complet. Suite à un exposé détaillé de Bruno Le Maire qui révélait un état des choses moins positif que prévu, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin avait alerté sur les dangers politiques d'un ajustement budgétaire, avec un recours inévitable à l'article 49.3 et une motion de censure risquée. "Il ne faut pas donner aux partis d'opposition une bonne raison pour nous faire quitter l'autoroute, c'est tout ce qu'ils attendent", a déclaré un membre important du gouvernement.
Nathalie Silbert et Isabelle Ficek
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