Pourquoi les coûts des congés de maladie augmentent-ils?
Au cours du premier semestre de l'année, le coût global des congés de maladie a augmenté de 8,5% par rapport à l'année précédente. Cependant, l'inflation et les changements démographiques ne fournissent pas une explication complète.
Par Frédéric SCHAEFFER
Attention à la dérive ! Suite à un avertissement donné lors d'une interview avec "Les Echos", où il a été mentionné que le déficit de l'Assurance Maladie sera "probablement plus haut" que prévu en 2024, la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM) a expliqué en détail ce lundi, avec des données à l'appui, les raisons de ses préoccupations. Au cours des six premiers mois de l'année, le coût total des congés maladie a augmenté de nouveau de 8,5 % par rapport à l'année précédente.
Même si c'est compliqué d'établir des prévisions pour le second semestre, on s'attend à dépasser les 17 milliards de dépenses associées aux arrêts maladie en 2024, a admis Damien Vergé, responsable de la stratégie, des recherches et des données à la CNAM lors d'un point presse.
Au cours du premier semestre, les congés de longue durée (plus de 3 mois) ont connu une augmentation significative (+9,5 % en valeur), tout comme les arrêts pour accidents de travail (+11,3 %). Les congés de courte durée ont connu une croissance plus modérée (+6,2 %), mais demeurent fréquents, comptant pour 40 % des dépenses.
L'impact de l'inflation
La première moitié de l'année 2024 a révélé une augmentation alarmante du prix des allocations quotidiennes. Cette tendance n'est pas nouvelle, car les années précédentes avaient déjà connu de grandes augmentations. Le coût des congés maladie s'élevait à 15,8 milliards d'euros en 2023, soit une hausse de 5,4 milliards d'euros depuis 2015, dont 3,4 milliards depuis 2019, indépendamment des conséquences de la Covid.
Comment peut-on justifier une telle déviation? "Presque la moitié des coûts additionnels ne sont pas associés à des éléments économiques ou démographiques", a souligné Thomas Fatôme, le directeur général de la CNAM.
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Entre 2019 et 2023, seulement 19% de l'augmentation des allocations quotidiennes est due à des éléments démographiques (une population active plus grande et plus âgée). Pour mettre cela en perspective, la démographie était responsable de 42% de l'augmentation des coûts entre 2010 et 2019.
En revanche, l'inflation a eu un impact significatif ces dernières années comparé aux années précédentes. L'augmentation du salaire minimum et les hausses de salaire ont entraîné une augmentation du coût des allocations journalières. Cet effet sur le prix représente 39% de l'augmentation du coût des congés maladie depuis 2019, soit le double de l'augmentation entre 2010 et 2019.
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Il reste donc un résidu de 42% d'augmentation des dépenses qui ne peut être attribué ni à la croissance démographique ni à l'inflation, mais plutôt à une augmentation du taux d'utilisation et de durée. En d'autres termes, "les travailleurs prennent en moyenne des congés de maladie plus longs et, en général, un plus grand nombre d'entre eux sont touchés par ces arrêts de travail", a clarifié Damien Vergé. Les facteurs à l'origine de cette situation peuvent être variés (augmentation des maladies chroniques, etc.) mais "nous ne sommes pas capables de distinguer ce qui est dû à une évolution normale de la santé de la population de ce qui est causé par des comportements abusifs" ou par la fraude, a précisé Thomas Fatôme.
Face à l'augmentation des coûts liés à la prise en charge des arrêts maladie, la CNAM intensifie son programme d'interventions à destination des employés, des docteurs et des sociétés. Tous les assurés en arrêt de travail depuis plus de 18 mois (soit "entre 30.000 et 40.000 individus") seront, par exemple, approchés, tout comme 7.000 docteurs en médecine générale qui ont prescrit des arrêts maladie significatifs.
Frederic Schaeffer
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